mardi 22 avril 2008

Les banquiers anglais veulent limiter leur responsabilité

Selon le site ComputerworldUK, les banques anglaises seraient en train de modifier leur code de conduite afin de limiter leur responsabilité de remboursement en cas de fraude. Les clients victimes devront en effet bientôt être en mesure de prouver qu'ils ont régulièrement mis à jour leurs logiciels antivirus et anti-spyware afin d'être dédommagés. Dans le cas contraire, ils seront considérés comme imprudents dans leur utilisation d'Internet, et devront assumer seuls la responsabilité financière de la fraude. Cette nouvelle approche semble indiquer que les pertes absorbées par les banques en raison des fraudes en ligne deviennent de plus en plus lourdes, et que la politique actuelle de compensation relativement généreuse risque d'être remise en question à plus ou moins brève échéance, que ce soit en Angleterre ou ailleurs.

On peut penser que cette responsabilisation des usagers risque de devenir la norme dans un avenir pas si éloigné que cela. J'aime utiliser l'analogie de la sécurité routière, qui nous montre comment l'encadrement réglementaire d'une révolution technologique s'est construit tout au long du 20ème siècle. Étant donné que nous sommes entrons tout juste dans la deuxième décennie de l'utilisation populaire de l'Internet, nous pouvons anticiper de nombreux changements dans les normes en matière de sécurité en ligne. Par contre, un récent sondage mené aux USA par la National Cyber Security Alliance montre à quel point les usagers individuels restent encore mal équipés pour prendre le contrôle de leur sécurité informatique.

On y apprend en effet que plus de 50% des utilisateurs n'ont pas changé le mot de passe de leur ordinateur depuis plus d'un an, et que 71% n'ont pas la moindre idée de ce que à quoi le terme 'botnet' fait référence (alors qu'il s'agit de l'une des principales menaces en matière de fraude informatique à l'heure actuelle). 46% se disent désemparés et ne sauraient pas quoi faire s'ils devenaient victime d'un 'cybercrime', et une proportion équivalente (48%) déclare ne pas savoir comment se protéger contre les 'cyber-délinquants'. Ce énième sondage ne nous apprend peut-être rien de bien nouveau, mais il a le mérite de montrer que les programmes d'information du public et de prévention ont encore bien du travail à accomplir.

D'ailleurs, pour prolonger l'analogie de la sécurité routière, pouvez-vous vous rappeler la dernière campagne publique de sensibilisation au vol d'identité ou à la fraude informatique à laquelle vous avez été exposés?

1 commentaire:

Olivier a dit…

Il appartient également aux banques de prendre des mesures afin d'assurer la sécurité de leurs clients. En modifiant ainsi leur politique, les banques anglaises instaurent un rapport avec leurs clients qui me semble malsain.

Ainsi, si j'en crois l'article de Computerworlduk, une victime venant se plaindre d'une fraude à sa banque devra prouver qu'elle avait bien un anti-virus et un anti-spyware à jour. Le fait que la fraude ait pu être commise en utilisant d'autres faiblesses des systèmes informatiques (et ça ne manque pas) n'est pas pris en considération. Pour reprendre votre analogie avec la sécurité routière, c'est comme si un piéton renversé par une voiture devait prouver qu'il était bien dans un passage protégé.

Non, c'est au conducteur de rester maître de son véhicule, en toutes circonstances !