lundi 14 janvier 2008

La cyberintimidation: une spécificité adolescente?

La journaliste Émilie Côté nous propose ces jours-ci dans le quotidien La Presse une série d'articles forts bien documentés sur la cyberintimidation et sur les conséquences dévastatrices pour ceux qui en sont les victimes. La cyberintimidation recouvre les menaces et insultes proférées entre adolescents par le biais des divers outils de communication comme l'Internet ou les téléphones cellulaires (pour les adultes, on parle de cyberharcèlement). La distinction fondamentale avec les pratiques d'intimidations traditionnelles enregistrées dans les cours d'école est la permanence de la victimisation et l'impact disproportionné sur ceux qui en sont l'objet.

En effet, alors que les intimidations traditionnelles cessent une fois l'élève rentré chez lui, la cyberintimidation prolonge son calvaire en s'infiltrant aussi dans sa vie privée et en se rappelant constamment à lui. De plus, les rumeurs colportées ne dépassent pas dans les cas d'intimidation traditionnelle le cercle relativement restreint des élèves d'une école, alors que sur Internet, le public potentiel de tels actes est quasiment illimité et qu'il est beaucoup plus difficile de tirer un trait sur des informations diffamatoires qui vont rester en ligne pour une durée indéfinie.

Émilie Côté revient dans ses articles sur l'ampleur du phénomène au Québec et au Canada. Elle nous donne quelques exemples concrets de pratiques de cyberintimidation et traite des conséquences parfois irrémédiables (suicide) pour les victimes. Elle nous montre que depuis que les professeurs sont aussi visés, les programmes de prévention se mettent en place plus facilement, car ces derniers sont représentés par des syndicats puissants, contrairement aux élèves dont les parents peuvent difficilement influencer le fonctionnement des établissements. Finalement, la question des sanctions judiciaires et de la difficulté à les mettre en oeuvre est abordée.

Ces comportements devraient être étudiés d'autant plus près et prévenus qu'un sondage récent mené aux États-Unis sur un échantillon de plusieurs milliers de jeunes montre qu'ils sont en recrudescence et que les relations entre adolescents sur Internet ont tendance à devenir de plus en plus inciviles.

vendredi 4 janvier 2008

Facebook, confiance et hameçonnage

Le site Wired signale un des premiers cas d'utilisation systématique de Facebook, le site de gestion des réseaux sociaux qui est utilisé par plus de 40 millions d'internautes, par des fraudeurs qui cherchent à s'emparer du mot de passe de leurs victimes. Cette pratique, connue sous le nom d'hameçonnage (ou de phishing en bon français) est plus souvent pratiquée pour obtenir les données de connexion à des comptes bancaires. Elle consiste à rediriger les internautes vers des serveurs illégaux qui ont toute l'apparence visuelle des sites que ceux-ci fréquentent d'habitude, et à les convaincre d'introduire leur nom d'usager et leur mot de passe. Afin de ne pas éveiller la suspicion des victimes, celles-ci sont ensuite renvoyées sur le site original qu'elles souhaitaient consulter, mais les fraudeurs ont désormais un accès privilégié à leurs comptes bancaires ou d'utilisateur.

Dans le cas de Facebook, la confiance qui lie les "amis" utilisant cette application est mobilisée pour convaincre certains usagers de consulter des photos compromettantes de connaissances. Celles-ci n'existent bien évidemment pas, mais avant de s'en rendre compte, les internautes auront saisi leur mot de passe sur un serveur localisé en Chine. L'intérêt de disposer du mot de passe d'un compte Facebook réside dans le fait que les internautes utilisent fréquemment le même terme ou la même combinaison de lettres et de chiffres pour protéger leurs données, et que les fraudeurs peuvent alors essayer de prendre le contrôle d'autres comptes (eBay, Amazon, etc...) pouvant être plus facilement monétisés. Par ailleurs, cette brêche permet au fraudeurs d'installer plus facilement sur l'ordinateur de la victimes des logiciels d'enregistrement de frappe du clavier (keyloggers), des chevaux de Troie, et d'expédier des spams ciblés en fonction des informations glanées sur les profils des internautes. Le même article signale que le site MySpace est également affecté par ce type de fraudes.