Un récent sondage mené par Paypal semblerait démontrer que non. Conduit dans plusieurs pays en Amérique du Nord et en Europe, ce sondage démontre que le meilleur moyen de protection est la langue, les consommateurs des pays anglophones étant proportionnellement plus exposés au vol d'identité que les autres citoyens du monde. Alors que 10% des personnes ayant acheté des produits en ligne au Canada, aux USA ou au Royaume Uni ont été victimes d'un vol d'identité, le taux n'est que de 5% en France, en Espagne ou en Allemagne. Les échantillons de 1000 répondants dans chaque pays sont suffisamment importants pour que les résultats obtenus soient relativement fiables.
Cette variation s'explique évidemment par le fait que les fraudeurs ciblent en priorité les pays où le commerce électronique est le plus développé, mais aussi (et surtout) ceux où les moyens de paiement comme les cartes de crédit disposent des limites les plus élevées. Cependant, plusieurs questions portaient également sur les pratiques des internautes en matière de sécurité comme l'utilisation des mots de passe, la possession de machines à déchiqueter le papier ou encore le partage d'informations personnelles sur des sites de réseaux sociaux. Ces pratiques sont considérées comme génératrices de risques et de nombreux sites enjoignent les internautes à ne jamais partager leur mots de passe, à ne jamais utiliser des données faciles à deviner comme leur date de naissance pour créer leur mot de passe, à ne jamais divulguer des données personnelles sur les réseaux sociaux, ou encore à déchiqueter systématiquement les documents qu'ils reçoivent. Un exemple type est la campagne menée à grand frais au Québec par l'Institut de Sécurité de l'Information du Québec sur le thème "Je protège mon identité sur Internet".
Sans vouloir faire de peine à l'ISIQ, je ne suis pas certain que les recommandations faites aux internautes pour se protéger du vol d'identité soient suivies de résultats très probants si on se base sur le sondage de Paypal.
En effet, le fait de partager ses mots de passe avec des amis ou de membres de sa famille ne semble pas être une variable discriminante dans la victimisation: si seulement 28% des internautes allemands ont déclaré s'être livrés à cette pratique risquée, la proportion était du double (60%) aux États-Unis. On pourrait donc assumer que c'est là l'une des causes du vol d'identité... Mais une minute, la proportion de français qui font preuve d'une négligence identique (58%) est presque aussi élevée qu'aux USA, et pourtant, ils sont deux fois moins victimes de cette fraude. Les Français sont aussi les internautes qui sont le moins équipés de déchiqueteuses (seulement 17%), qui n'hésitent pas à laisser leurs logiciels de navigation administrer leurs mots de passe (plus de la moitiés des sondés français), ou encore qui indiquent leur date de naissance sur leur profil sur les sites de réseau social (plus d'un quart) ET qui utilisent cette date de naissance dans leur mot de passe!!! Qui plus est, ces Gaulois inconscients ne changent leurs mots de passe que très rarement (61% le changent moins d'une fois par an), à l'instar de leurs homologues ibères.
Visiblement, si l'on ne parle pas anglais, on peut se permettre de relâcher sa vigilance sans trop de conséquences. Pourquoi? Peut-être parce que contrairement aux idées reçues, la responsabilité individuelle des victimes de vols d'identité est relativement limitée comparativement aux moyens de prévention et aux bonnes pratiques que pourraient mettre en oeuvre les entreprises administrant les moyens de paiement et toute la chaîne du commerce en ligne.
jeudi 30 octobre 2008
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