jeudi 27 décembre 2007

La Roumanie, leader mondial de la fraude sur les sites de ventes aux enchères?

Un article publié dans le Los Angeles Times nous explique comment les fraudeurs roumains semblent avoir peaufiné l'art de la fraude sur les sites de ventes aux enchères, dont le plus connu est certainement eBay. Les fraudes impliquent soit la non livraison d'un bien promis, malgré le paiement par la victime, soit la livraison d'un bien qui ne correspond pas aux spécifications annoncées. Une autre variante est la fraude de la "deuxième chance", qui consiste pour les fraudeurs à contacter une personne ayant participé à une enchère sans avoir remporté cette dernière et à lui proposer un produit identique au prix qu'elle était prête à payer -- ou à un montant inférieur pour rendre l'offre encore plus attractive. Les sites d'enchères permettent dans ce dernier cas aux fraudeurs d'identifier des victimes à la recherche d'un produit en leur faisant savoir combien celles-ci sont disposées à dépenser pour obtenir celui-ci.

L'article examine l'organisation et la division du travail au sein des groupes de fraudeurs, qui emploient des étudiants pour contacter à la chaîne leurs futures victimes et des "mules" pour rapatrier l'argent transféré par le biais d'entreprises spécialisées comme Western Union. Ces groupes créent parfois également des entreprises de fournisseurs d'accès à Internet, afin de faciliter leurs opérations. L'article décrit le sentiment d'impunité qui anime les fraudeurs face à des services de police et des systèmes judiciaires de pays de l'ancienne Europe de l'Est mal équipés pour faire face à une criminalité aussi sophistiquée.

L'aspect le plus intéressant est cependant la description de l'implication d'eBay auprès des agences d'application de la loi roumaines, sous la forme de séances de formation offertes aux policiers et aux juges, d'équipements informatiques neufs et d'abonnements à Internet destinés à ces derniers. L'étroite collaboration entre le service des fraudes de l'entreprise et les organisations policières américaines présentes à l'étranger est également mise de l'avant, même si de l'aveu des acteurs impliqués, les spécificités du système judiciaire local rendent les poursuites pénales très lentes. À partir de cette expérience, eBay aurait développé un programme de sensibilisation des autorités étrangères prêt à être déployé au moindre signe qu'une région du monde est en train de développer une expertise de niveau international en matière de fraude.

Il serait intéressant de connaître les détails de ce programme. Mais il est également fascinant de voir quel rôle jouent des entreprises privées dans la gouvernance internationale de la sécurité informatique, essayant de se substituer avec des moyens dont il est difficile d'évaluer l'ampleur à des services de police et à des organisations internationales de coopération policière (Interpol, Europol) qui semblent pour le moins démunis.

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