samedi 22 décembre 2007

Les campagnes de prévention facilitent-elles le travail des fraudeurs?

Une fraude actuellement menée à grande échelle en Ontario exploite la peur du vol d'identité de la population. Les fraudeurs se font ici passer pour des représentants de la Direction de la protection des consommateurs de l'Ontario, et font croire à leurs victimes que celles-ci ont fait l'objet d'un vol d'identité, puis les persuadent de leur communiquer les informations relatives à leurs comptes bancaires sous le prétexte qu'ils vont les aider à transférer leur argent en lieu sûr. L'efficacité de cette méthode (qui n'est pas nouvelle en soi) s'appuie en grande partie sur les campagnes de sensibilisation menées au Canada et aux États-Unis par les divers ordres de gouvernement et par les institutions bancaires, qui mettent en garde les consommateurs contre divers usages frauduleux de leurs renseignements personnels. Le ressort de l'arnaque consiste ici à retourner l'anxiété créée par de telles campagnes au profit des fraudeurs et à convaincre les victimes que ces derniers sont là pour les aider, la confiance ainsi établie permettant de finaliser la fraude.

Cette approche illustre parfaitement la forte composante d'ingénierie sociale mise en oeuvre par les fraudeurs, et les limites des préconisations "statiques" ou techniques faites aux consommateurs, comme par exemple de se procurer une déchiqueteuse de papier. Devant la créativité des fraudeurs, des recommandations trop spécifiques risquent d'être rapidement périmées, et on devrait certainement plutôt s'orienter vers des campagnes qui visent à changer les comportements des consommateurs, dont le sens critique vis-à-vis des diverses institutions leur demandant des renseignements personnels pourrait être avantageusement renforcé.

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