dimanche 9 août 2009

Les rois de l'ingénierie sociale habitent-ils tous chez leur maman?

Le site Smoking Gun vient de consacrer un reportage très fouillé sur la salle de clavardage (chatroom) 'Pranknet', qui réunit des adeptes du canular téléphonique extrême. Ces derniers ont acquis une certaine notoriété ces derniers mois pour leur art de la manipulation qui leur a permis de convaincre les occupants de chambres d'hôtel aux quatres coins des États-Unis de vandaliser ces dernières, sous prétexte d'échapper à une fuite de gaz pouvant les intoxiquer s'ils ne brisaient pas les fenêtres de l'édifice pour créer un appel d'air. Parmi leurs autres faits d'armes, on relève aussi le fait d'avoir poussé une réceptionniste d'hôtel à boire un verre d'urine fourni par un client ou l'épisode lors duquel les employées d'un restaurant rapide KFC se sont retrouvées nues sur le stationnement, convaincues qu'elles étaient d'avoir été aspergées d'une mousse qui provoqueraient de graves brûlures à leur peau (quelques clips audio et vidéos sont disponibles ici).

Ces blagues de potaches élaborées pourraient sembler anodines si les dégâts provoqués dans certains cas n'atteignaient pas plusieurs dizaines de milliers de dollars, et si certains de leurs appels ne causaient pas chez leurs victimes une détresse bien réelle. Certains services de police ont d'ailleurs déjà initié des poursuites contre les membres de ce groupe, qui ont échappé jusqu'ici aux efforts d'identification des policiers grâce à leur utilisation de Skype pour effectuer leurs appels.

L'article du Smoking Gun permet donc de mieux comprendre la sous-culture et les motivations de ces mauvais plaisants qui utilisent les principes de l'ingénierie sociale pour réaliser des canulars "épiques", dans leurs propres termes. Derrière les pseudonymes menaçants et les talents indéniables de manipulateurs se cachent néanmoins des individus qui semblent avoir du mal à être fonctionnels dans le monde "réel". Le fondateur et principal animateur de ce réseau est basé à Windsor, au Canada, et vit chez sa mère, où il vole le signal Wifi d'un voisin pour se connecter à Internet. D'autres membres ont un passé trouble de petits trafiquants de drogue et d'agresseurs sexuels de mineurs, et tous semblent passer la majeure partie de leurs journées sur Internet, n'ayant pas d'emploi.

Le contraste est ici saisissant entre l'image de puissance et d'omnipotence que les membres de ce groupe parviennent à projeter par le biais des technologies Internet, et la nature bien plus modeste, pour ne pas dire sordide, de leur vie quotidienne.

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