Le paisible Canada serait-il comme l'affirme La Presse et La Presse Canadienne un "havre" pour les sites de pornographie infantile? C'est en tout cas l'interprétation que font ces médias du dernier rapport de Cyberaide.ca, qui procède à des analyses statistiques descriptives des rapports d'incidents recueillis par ses analystes au cours des sept dernières années.
On y apprend en effet que sur les 800 sites pédophiles commerciaux analysés, 8,7% (soit 70) étaient hébergés au Canada, qui vient effectivement en deuxième place, le premier pays étant les États Unis avec 65,6%. Cependant, quelques précautions doivent être prises avec ces chiffres, comme le reconnait d'ailleurs Cyberaide, qui n'insiste pas particulièrement sur cette deuxième place du Canada dans ce sordide "palmarès".
Tout d'abord, les sites et les images analysés sont principalement signalés de manière anonyme par des internautes qui sont dans leur grande majorité canadiens, et il ne semble par conséquent pas aberrant de penser que ces derniers signalent de manière disproportionnée des sites ou des images auxquels ils peuvent accéder dans leur langue maternelle. Par ailleurs, comme le concède Cyberaide, les opérateurs de ces sites transfèrent fréquent leur contenu d'un serveur à un autre afin de minimiser les risques de détection de la part des forces de l'ordre. L'un des sites signalés à Cyberaide utilisa ainsi 212 adresses IP différentes dans 16 pays pendant une période d'observation de 48 heures, afin de brouiller les pistes. Dans ce contexte, il devient difficile d'appliquer des notions d'espace géographique à des pratiques qui se déploient dans des espaces numériques où la notion de frontière est quelque peu obsolète.
Par contre, il me semble que les journalistes sont passés à côté d'une information beaucoup plus intéressante. En effet, la moitié des 800 sites commerciaux de pornographie enfantine analysés acceptaient des moyens de paiement traditionnels tels que les cartes de crédit Visa et Mastercard.
J'aurais donc plutôt suggéré aux journalistes qui ont rapporté la nouvelle le gros titre suivant:
"Les grandes institutions financières faciliteraient le fonctionnement des sites commerciaux de pornographie infantile"
Mais cela aurait certainement été beaucoup moins vendeur...
mardi 24 novembre 2009
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